Dite la fileuse
Lalla Bzim ne rechigne jamais à la tâche, elle aime confectionner des objets fonctionnels et utiles. Le tissage occupe une grande place dans son quotidien et elle se fait un devoir de finir avec hâte toute pièce entamée.
Sa maison, par endroits, s’apparente à un véritable capharnaüm qui laisse place à la créativité et aux ébauches.
Dans sa cuisine on peut trouver tout ce qu’il faut pour préparer des teintes de couleurs naturelles, des fours en terre, des paniers remplis de plantes, de fleurs, de feuilles, de fruits et même d’insectes séchés.
Ses teintes de prédilections, sont le rouge sang, le brun, l’orange vif ou mièvre. Les outils qu’elle utilise et ne prête jamais sont un héritage de sa bien-aimée tante Lalla Ito, qui lui transmit également les mystères et les étranges vertus de la laine. Ainsi disait-on que l’espace de l’ourdissage était sacré et qu’on ne peut gérer le montage du métier sans offenser les génies qui le protègent…
Il y a dans les fils qu’on entrecroise tant de destins qui se nouent si le diable s’en mêle. Aussi pour protéger toutes les filles de la famille, Lalla Bzim nous faisait passer à tour de rôle un flocon de laine dans la coiffe, puis nous faisait faufiler dans le passage laissé par les fils de laine et les montants.
C’est ainsi, semble t’il, que chaque maman s’appropriait la virginité de ses filles, jusqu’à la veille de leur nuit de noces où elle devait faire le chemin inverse pour rompre le charme. Sacrée Lalla Bzim! …